« L’activité physique au travail est un exutoire »
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Salvum, start-up de l’économie sociale et solidaire s’intéresse aux problématiques santé de la société. Dans un contexte marqué par une crise sanitaire hors-norme, la santé mentale des salariés est une préoccupation majeure.
Stéphanie Barsotti est coach et psychologue du travail. Elle travaille au CNRS et dans les hôpitaux de Rambouillet et de Melun en région parisienne.
Vous êtes spécialisée dans la souffrance au travail. Dans quel état mental sont les salariés ?
Aujourd’hui, sans parler de la crise sanitaire que nous traversons, ce sont les conditions de travail qui impactent la santé mentale des salariés. Le manque de reconnaissance joue aussi un rôle sur leur santé mentale et physique. Il y a également le manque d’évolution qui est néfaste et les relations toxiques avec des collègues ou la hiérarchie. Et puis ce phénomène que l’on retrouve beaucoup à Paris, la charge de travail avec des grosses amplitudes horaires qui engendrent un épuisement professionnel.
Avec la crise sanitaire le télétravail est presque devenu légion. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour la santé mentale des salariés ?
Oui si c’est un choix et non si c’est imposé. Pour que le télétravail soit réussi, il doit reposer sur une collaboration employeur-employé. Lorsque l’employeur fait confiance à son salarié c’est un pari gagnant pour l’entreprise car cela renforce l’estime de soi et donc la productivité au travail.
En période de crise sanitaire il faut être vigilant quant à l’isolement de ses salariés. Et puis, selon le cadre qu’il y a à la maison, le télétravail est ou non une réussite. Il doit y avoir les moyens nécessaires que sont : le chauffage, de l’espace pour travailler tranquillement, les bons outils de travail, etc. Si tout est réuni, le télétravail est merveilleux car il va permettre d’avoir une meilleure qualité de vie : moins de transports, plus de sport, meilleure gestion des tâches de travail…
Certaines entreprises refusent catégoriquement le télétravail, même en période pandémique, alors qu’elles ont les moyens de le mettre en place. Cela pose problème et même lorsque la situation sanitaire sera rétablie. Un télétravail inexistant signifie ne pas faire confiance à ses salariés et vouloir les avoir sous la main. Le meilleur modèle étant de télétravailleur deux ou trois jours par semaine selon les envies et les besoins du salarié.
Pour vous la clé du bien-être au travail serait l’activité physique. Quelle-est votre méthode ?
En effet, l’activité physique au travail est un exutoire, c’est un levier qui active la sécrétion d’hormones, lesquelles vont agir de manière bénéfique sur le stress, le burn out, etc. L’activité physique au travail est vertueuse car cela permet aux salariés de s’offrir une bulle pour être ensuite plus productifs et plus heureux. C’est aussi un moyen de lutter contre l’absentéisme et les Troubles musculo-squelettiques (TMS) liés aux conditions de travail. Ma méthode consiste à aider les salariés à renouer avec une activité physique. J’entends par là une activité du corps, on ne parle pas d’aller courir 10km par jour. Je leur demande quelles sont les activités qu’ils aiment et on essaye de changer la vie quotidienne. Par exemple, emprunter les escaliers plutôt que les escalators, descendre une station de métro plus tôt pour marcher un peu plus, etc. Je les emmène marcher, on fait du shiatsu, on travaille la respiration, etc. Les activités sont variées.
Pourquoi l’idée n’est-elle pas largement répandue en France ?
Depuis dix ans on observe tout de même du changement avec quelques entreprises qui mettent des choses en place comme des salles de sport sur le lieu de travail ou des activités proposées aux équipes. Mais cela à un coût assez élevé et pour les PME c’est très compliqué. Il y a aussi un autre problème qui est celui de vouloir un retour sur investissement direct. Or, c’est sur plusieurs années que les changements opèrent et qu’ils sont bénéfiques pour l’entreprise.